"Avec ses manières d’inspecteur de bâtiments, on pourrait croire que Frederick Wiseman, infatigable peintre des institutions, serait plus attentif à l’espace qu’au temps (à l’exception peut-être du temps de tournage et de la durée des films qu’il en tire). Pourtant, dans ce qu’il restitue ici de son exploration de la prestigieuse université de Berkeley, Californie, c’est bien la dimension temporelle qui s’impose – et qui presse. (...)
Milieu oblige, plus encore que dans les récents films de Wiseman, la parole est au centre des activités captées par le film, qui dès lors lui confie aussi sa propre place centrale : cours professoraux, réunions, échanges entre professeurs et étudiants, revendications clamées au mégaphone. Cette parole qui révèle les failles du système est aussi celle par laquelle celui-ci peut perdurer et faire perdurer les vertus dont il se targue. Car la Berkeley qui s’y dévoile n’est pas si éloignée de celle d’où la contestation s’échappa il y a un demi-siècle, avec son recours aux discussions posées, mais franches où, à travers les questions d’organisation des relations entre étudiants, se renouvellent des questions à l’échelle de la société entière (notamment celle, toujours malaisée aux États-Unis, des relations interethniques).
Avec sa patience lui autorisant la collecte avant l’épure, son sens de l’écoute sachant composer un tout à partir d’un tout, et surtout une totale honnêteté dans sa restitution du monde, Wiseman rend le meilleur des hommages à une institution dont le grand âge n’en fait en rien une relique du passé, et qui continue d’être de son temps en assurant une fonction non écrite mais essentielle : un vivier toujours bouillonnant de la démocratie américaine."
Benoît Smith
leio au sujet de
At Berkeley
Excellent documentaire. Envie de revenir à l'université et envie d'aller à Berkeley. Un très beau voyage dans les arcanes de cette institution. Un regard... Lire la suite
smfischer au sujet de
At Berkeley
Guivarch au sujet de
At Berkeley